CPE

ASSOCIATION POUR LA DEFENSE DU PATRIMOINE ET DE L’ENVIRONNEMENT DU CANDEEN

MANIFESTE


Considérant que la législation et la réglementation autorisent la création et l’exploitation d’unités de productions agricoles de type industriel,

Considérant que les schémas des productions agricoles conduisent majoritairement à la concentration des productions,

Considérant les nuisances résultant de ces schémas de production, notamment avérées sur des zones à forte densité de production,

Considérant la non prise en compte des volontés des habitants et à plusieurs reprises des décisions des collectivités,

Et :

Eu égard aux richesses en eaux présentes sur le territoire et à leur fragilité,

Eu égard à la qualité de vie en milieu rural,

Eu égard à la volonté de vivre ensemble,


Les citoyens résidant sur le Candéen ont décidé de s’organiser, aux fins de mettre en œuvre, ensemble, les moyens d’un débat permanent prenant en compte les dimensions :

  • de la connaissance,

  • de l’expertise,

  • du constat,

  • de l’interpellation

  • et de propositions.

Développement des productions intensives

Les questions ???

-1- la concentration des moyens de production :

- De plus en plus de productions dans moins en moins de mains : le projet de Vritz représente une surface de besoins d’épandage de + de 250 ha ; dans ces conditions 5 unités de ce type (ou équivalent) couvrent la totalité de la commune.

- Sur un rayon de 6 Kms, quatre projets et/ou réalisations d’équipements « production porcine » de type industriel représentent une surface hypothéquée de droits d’épandage de + 700 ha.


-2- une spécialisation, voir la sectorisation des productions, le développement des normes :

- Le découpage des productions par étapes, par exemple dans la production porcine : la maternité, le post sevrage, l’engraissement … conduit à la segmentation du travail agricole et donc vers une déresponsabilisation des acteurs, une perte de connaissances « chaque maillon fait bien ce qu’il fait en méconnaissant ce que fait l’autre maillon ». Il est ainsi parfaitement possible par la division du travail de diviser les personnes, diluer les responsabilités, voir créer des oppositions d’intérêts entre les maillons. Ceci est un schéma relativement classique du déplacement du pouvoir de la base vers le sommet, du producteur vers le concepteur. De là à dire que les firmes agro-alimentaires vulgarisent ces types d’organisation de productions dans ce seul intérêt, certes non, mais force est de constater que cela y concoure grandement.

- La sectorisation des productions, toujours dans le porc et pour prendre les exemples qui nous concernent, vise à rassembler dans un même lieu une étape de la production de plusieurs exploitations distantes de dizaines, voir de plus de cent kilomètres, engendrant ainsi des transports routiers d’animaux ; cela interroge sur la réalité du gain escompté, sur l’intérêt pour la société de ce type d’organisation.

- Le producteur « agricole » devient un producteur de produit basique standardisé, homogénéisé, qui est ensuite identifié, marqué, transformé, façonné par un transformateur qui en perçoit la plus value. Le produit de base pouvant être produit ici ou ailleurs. Le plus bel exemple est celui des produits dits de marque au nom de Grandes Surfaces, comme si c’était le vendeur qui était, également, producteur.

- Le produit étant basique, standardisé, il est nécessaire qu’il réponde à une norme, celui de la firme qui le commande. Ainsi les règles, les conditions de productions sont édictées non pas par le paysan, ni par les contingences locales, ni par les impératifs du sol mais par la nécessité de transporter le produit, les besoins de la transformation, les exigences d’entrée sur un marché. Les techniques ne sont plus celles du paysan, du produit de départ mais celles des autres acteurs de la chaîne, celles du produit final. Les savoirs, la connaissance, les techniques et donc la plus value se déplacent, de l’acteur en début de chaîne de production, vers l’acteur en fin de chaîne.

- De même, en matière de nombre d’emplois et de qualité de l’emploi (qualification des emplois) les productions intensives font glisser les emplois de début de chaîne vers les emplois de transformation et de vente ; il est annoncé un nombre d’emploi variant peu, l’emploi étant « déplacé » : moins de paysans (travailleurs indépendants à la production) vers plus de travailleurs salariés (dans l’agro-alimentaire). En réalité, les chiffres ne sont pas connus, mais il semblerait que les emplois perdus par l’agriculture traditionnelle ne sont pas compensés par l’agro-business). Il ne s’agit pas là de dire que la profession de paysan (travailleur indépendant) est socialement plus valorisante que celle de salarié ou que le salariat serait dévalorisant socialement … mais il est vrai que la notion de responsabilité de la personne dans son travail, par son travail, la reconnaissance sociale qu’il en tire n’est pas de même nature(voir paragraphe « choix de société »). Enfin, il s’agit également de la comptabilisation réelle en termes de gain d’emplois ou de perte d’emplois. . Ce genre de production industrielle devient facilement délocalisable, les usines de transformation, selon les opportunités du marché (qui est mondial), vont s’approvisionner, tantôt au Danemark, tantôt en Espagne, ou ailleurs….Brésil, pour la viande bovine ou volailles…tirant toujours les prix à la baisse, d'où….la concentration /standardisation de la production pour abaisser les coûts: le cercle infernal. Et ces usines « délocalisent » leur personnel en embauchant des travailleurs immigrés qui viennent « de leur plein gré » tenter de gagner leur vie chez nous, parce qu'ils ne peuvent plus vivre chez eux de leur travail, concurrencés par nos produits, subventionnés et détaxés, OMC oblige….

- A partir de 2012 les porcheries (et autres bâtiments classés) devront se mettre "aux normes" Certaines recommandations sont plutôt laxistes, mais c'est surtout leur application qui le sera ; développement d’arguments économiques, de mise en difficulté des entreprises, impossibilités techniques … La pratique consiste à construire avant leur mise en application  et de tarder, comme tout le monde, à modifier les bâtiments. En tout état de cause, la réglementation et l’application des normes s’imposeront à tous, y compris aux producteurs qui auront fait un autre choix de productions ; souvenons-nous de la mésaventure des agriculteurs qui ont développé la production à base d’herbe avant les dernières réformes de la PAC et de leur exclusion des systèmes d’aides : victime d’avoir eu raison trop vite.


-3- des techniques sophistiquées, qui créent de plus en plus de déchets et de plus en plus difficiles à maîtriser :

- La concentration conduit à développer des outils de type hors sol, de plus en plus d’animaux sur une surface plus réduite, concentrés dans des bâtiments, sans lien avec le sol. La concentration dans des bâtiments pose des problèmes de développement de maladies, d’infections par contamination, confirmé par le F.A.O. , voir de comportement déviant (certains animaux devenant agressifs par exemple). Cela impose des pratiques systématiques de traitements préventifs et une utilisation plus importante d’intrants. Elle impose le stockage des matières, leur mise en fermentation et le dégagement de gaz non utilisé …

- La concentration conduit à l’utilisation systématique en préventif plutôt qu’en curatif de produits antibiotiques et autres ; produits se retrouvant dans les déjections, déjections se retrouvant dans le sol ….

- La concentration conduit à la spécialisation, la mono culture. Ce que l’on retrouve dans les techniques de conduite de productions animales se retrouve également dans la conduite des productions végétales, par des cultures de type céréales, exportatrices. Les possibilités et temps d’épandage sont courts, le stockage des déchets doit être massif, sans défaut (une infiltration d’eau qui conduit au remplissage de la fosse à la mauvaise période crée un gros problème). Où mettre le lisier ? … sur des cultures sans possibilités d’enfouissement …


-4- une transformation fondamentale du statut d’agriculteur

- Le statut d’agriculteur répond à un principe d’exploitation à responsabilité personnelle, avec des statuts juridiques spécifiques (comme le GAEC par exemple), le notion de transparence fiscale (par rapport à la fiscalité), l’application d’une juridiction spécifique (tribunal des baux ruraux, code rural …) L’ensemble de ces règles correspond à une notion individuelle de responsabilité. Les schémas de production concentrée modifient profondément cette notion et font passer l’exploitation dans le champ de l’industrie. Il suffit de prendre l’exemple de l’ensemble de la procédure préalable à la mise en place de l’outil de production de Vritz : enquête publique, site classé, compétence du tribunal administratif …

- La production agricole renvoie classiquement à la cellule familiale, la création de richesses par le travail de la personne et de sa famille. Dans le cas d’une production industrialisée cela renvoie à un groupe, à une forme juridique sociétaire complexe, à des relations contractuelles avec des firmes dont les enjeux dépassent souvent les seules personnes. Le résultat financier est plus le fruit de la mise de capital, de l’utilisation (l’exploitation) de main d’œuvre …

- Les exploitants deviennent des employeurs et n’est pas employeur (bon employeur) qui veut. Les notions de relations salariales, communément véhiculées dans le milieu « des travailleurs » ne sont pas acquises dans le monde paysan … quelles formations, quels temps d’apprentissage pour ces nouveaux employeurs de cette nouvelle relation sociale avec un salarié.


-5- un choix de société

- Nous avons assisté à des contaminations importantes (peste porcine) et très difficilement contrôlable à partir seulement des élevages concernés ; il est alors nécessaire de prendre des mesures de confinement, d’interdiction de transport des animaux, de bouclage de tout un territoire. Dans ces conditions, les conséquences dépassent les seuls personnes et élevages touchés. C’est tout l’ensemble des personnes et des productions de la zone qui est concerné.

- De même, certain choix et élément de vie sont commun à tous et notamment en terme de service public. En la matière l’accès à l’eau est fondamental et son coût, de plus en plus élevé, parfois prohibitif du fait des traitements de l'eau à mettre en place, interroge. Par ailleurs, les nombres de jours de dépassement des limites autorisées, imposant l’utilisation d’eau « bouteilles » touchent tout le monde … alors qu’en est-il dans les collectivités, dans nos écoles par exemple.

- Les richesses sur un territoire, notamment l’eau, ne peuvent être sacrifiées au profit d’une logique de liberté d’entreprendre. Il s’agit du droit des uns (jouir de l’existant) par rapport au droit des autres (de développer des outils de production). De tout temps, la question de la hiérarchie des droits (la liberté de chacun s’arrête là ou commence celle de l’autre) est en débat, il y va du rapport social, du rapport de force entre des personnes ou des groupes en présence.

- La spécialisation des territoires mais aussi des hommes : les deux éléments sont étroitement liés entre le choix de la diversité ou celle de l’homogénéité ; le choix de la responsabilité des personnes dans ce qu’elles font ou celui du maillon sur la chaîne.


-6- le vivre ensemble

- Il est beaucoup question de durable, partout et en tout. Le durable c’est mettre en place aujourd’hui quelque chose qui n’hypothèque pas l’avenir. En l’espèce, accepter cet atelier de production aujourd’hui, du fait de son importance, conduit demain à refuser à quelqu’un d’autre un atelier d’une même importance. Il appartient aux décideurs politiques de faire ce choix, de décider avec cette contradiction.

- L’être humain devient fou s’il vit seul ; à deux, il trouve le moyen de s’aimer mais aussi de se fâcher ; en nombre, il peut réaliser un monde mais aussi se faire la guerre.

Nous n’avons donc pas d’autre choix que de vivre ensemble, de faire que chacun respecte l’autre, que l’intérêt commun prime. Cela ne va pas de soi et les relations humaines démontrent tous les jours que le fort écrase le faible, l’attrait de l’argent inhibe la raison, le court terme compte plus que le long terme.


Alors, s’opposer ou composer ?


Faire connaître, expliquer, communiquer, animer la réflexion en terme de choix de société, d’enjeux pour chacun, pour le territoire et pas seulement pour les promoteurs des projets.


Mettre la barre très haute, mettre face à leurs responsabilités les promoteurs de cette agriculture industrielle par l’exigence de la sécurité.


Exiger la transparence, faire appliquer le principe de précaution et le contrôle systématique des engagements pris.





 


Accueil - Notre manifeste - Porcheries Industrielle - Statuts - Adhérer - Actions - Presse - Liens
CPE


 Armentières - 49440 - ANGRIE

Courriel : cpe49@free.fr